
Guillaume Tétu, Pierre Fouchenneret & Romain Descharmes
Concert
- Samedi 28 Juin, 19h00
- Théâtre du Manège de Reims, Reims
« Le Cor » Trio de Brahms
Guillaume Tétu, cor
Pierre Foucheneret, violon
Romain Descharmes, piano
Ce concert balaye plusieurs époques en écho à la conférence de Christian Merlin qui le précède. Guillaume Tétu s’empare tout d’abord d’un cor naturel (sans pistons) au pavillon magnifiquement décoré, typique de la facture parisienne des années 1820, pour jouer la sonate que Beethoven écrivit en une nuit à l’intention du virtuose tchèque Jan (Johann) Stich – ou plutôt Giovanni Punto, comme il se faisait appeler pour échapper à la vindicte de son employeur, qu’il avait fui pour mener une carrière plus conforme à ses aspirations.
Guillaume Tétu reprend son cor moderne pour l’Appel interstellaire de Messiaen. Incluse dans la vaste fresque orchestrale Des canyons aux étoiles (1974), composée pour le bicentenaire de l’indépendance des États-Unis, cette pièce qui repousse les limites du jeu du cor reprend la partition que Messiaen avait écrite en 1971 au sein d’un Tombeau pour Jean-Pierre Guézec, sous le choc de la mort brutale et prématurée de cet ancien élève. Deux citations bibliques éclairent le sens de ces cris de désespoir existentiel qui rebondissent dans l’immensité sidérale jusqu’à se perdre dans le silence de l’infini.
Pierre Fouchenneret emprunte aux hautboïstes les délicieuses Romances offertes par Schumann à sa femme, Clara Wieck, comme cadeau de Noël. Elles couronnent une année 1849 particulièrement féconde, année charnière où Schumann abandonne les formes traditionnelles – trio, quatuor, quintette – et les indications en langue italienne au profit de formes plus courtes, plus libres, plongeant dans l’imaginaire romantique allemand.
Guillaume Tétu choisit à nouveau le cor moderne pour le trio de Brahms, même si l’auteur destinait l’œuvre au timbre plus mystérieux du cor naturel. Brahms aurait écrit cette partition en hommage à sa mère, décédée en février 1865. Un ami du compositeur, Albert Dietrich, nous apprend toutefois que l’inspiration du thème initial lui est venue en voyant un rayon de soleil filtrer à travers les majestueux sapins de la Forêt-Noire. Plus globalement, c’est tout l’imaginaire romantique allemand qui est ici convoqué, le cor évoquant la mythique forêt ancestrale germanique – l’Urwald, le Myrkviðr des sagas nordiques. Le finale sonne comme une chevauchée fantastique de chasseurs.
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